Les langues en voie de disparition : pourquoi ce phénomène ?
La culture et l’histoire d’un pays sont véhiculées par différents canaux : la mode, la gastronomie ou encore l’architecture en sont trois exemples. Un des moyens les plus efficaces pour comprendre la culture et l’histoire d’un pays ou d’une région est d’étudier sa langue. Malheureusement, beaucoup de cultures sont désormais menacées et les langues en voie de disparition sont de plus en plus nombreuses.
Les langues en voie de disparition : que se cache-t-il derrière cette tendance ?
Une langue meurt tous les quatre mois en moyenne
Avec la mondialisation, les usages d’une langue changent rapidement. L’anglais est la langue la plus utilisée sur internet. Il y a plus de personnes qui parlent l’anglais comme deuxième langue (ou troisième), à un niveau intermédiaire, qu’il n’y a de gens dont la langue maternelle est l’anglais.
En même temps, plus de trois milliards de personnes, presque la moitié de la population mondiale, parlent une des langues parmi les 20 les plus répandues. Même si cela est une bonne nouvelle pour ceux qui sont natifs d’une de ces 20 langues, que peut-on espérer pour les 7000 autres langues parlées dans le monde ? Ont-elles un futur ou bien sont-elles vouées à disparaître ?
Dans un article récemment publié dans le journal The New Yorker, la problématique des langues en voie de disparition est explorée en profondeur. Ils s’interrogent sur le fait que la moitié des langues modernes sont en voie de disparition et auront disparu avant la fin du 21ème siècle. Il n’y aura plus que des archives. Cela veut dire qu’une langue meurt tous les quatre mois en moyenne.
Les langues en voie de disparition : pourquoi les langues meurent-elles ?
Les langues meurent pour diverses raisons. Certaines de ces raisons sont culturelles. Par exemple, beaucoup de cultures ont été colonisées, ou dominées d’une autre manière, par une autre culture. La domination d’une culture entraîne souvent la suppression de la langue maternelle de celle dominée.
Même si ce phénomène fonctionne, l’usage de ces langues décline, et elles ne sont plus parlées qu’en secret ou finissent par mourir complètement.
De nombreux exemples existent en Amérique du Nord, où des indigènes, désormais appelés les Autochtones, ont perdu ou sont sur le point de perdre leur connaissance opérationnelle de leur langue maternelle.
Dans d’autres cas, certaines langues qui déclinent ou meurent dans leur pays respectif, vont continuer d’être parlées dans d’autre pays. Nous pouvons prendre l’exemple des communautés d’immigrés, que ce soit à New York ou en Afrique du Sud.
Par ailleurs, beaucoup de langues en voie de disparition peuvent être difficiles à préserver si leur tradition est surtout orale, et qu’il n’y a pas beaucoup de traces écrites de leur existence.
Quelles sont les conséquences d’une langue en voie de disparitition ?
Perdre une langue peut aussi signifier perdre un moyen crucial pour comprendre un groupe linguistique
La perte constante des langues étrangères a des conséquences bien plus importantes que la simple perte de vocabulaire. Même si une langue est conservée dans des archives, la langue morte ne véhiculera plus d’intonations, d’accentuations, de grammaire, de syntaxe, ni de contexte. Ces caractéristiques orales reflètent généralement la façon de penser du locuteur, autant que le choix des mots qu’il emploie.
Perdre une langue peut aussi signifier perdre un moyen crucial pour comprendre un groupe linguistique, son histoire, sa culture, et même son environnement local.
Prenons l’exemple d’une langue spécifique qui permet des désigner distinctement les différentes plantes locales ou même les types de terreaux dans lequel chacune pousse. Dans le cas où ces nuances n’ont pas d’équivalent dans la langue dominante, cette langue représente une source d’information pour les scientifiques, les botanistes et les universitaires.
Préserver les langues en voie de disparition
Beaucoup de linguistes et d’universitaires reconnaissent la valeur des langues en voie de disparition, Ils veillent à les préserver grâce aux nouvelles technologies. Cela peut être sous forme d’enregistrements vocaux. Une archive audio permet la conservation des langues dans leur contexte. Il peut également s’agir d’applications mobiles, souvent plus populaires auprès des jeunes de toutes cultures.
Envoyer des messages en navajo peut vous faire devenir très populaire dans certaines communautés d’adolescents. La valeur représentée par la capacité à parler une langue en voie de disparition a également des précédents historiques. Des indigènes américains communiquaient sous forme de codes en navajo (“code talkers”). Le navajo n’a jamais pu être traduit par les japonais pendant la seconde guerre mondiale.
En plus de l’utilisation accélérée de la technologie pour préserver le dernier usage moderne par des natifs d’une langue en voie de disparition, beaucoup de langues presque mortes sont rétablies ou ré adoptées par des groupes linguistiques. Il est reconnu que les enfants représentent la seule manière de préserver une langue dans le temps. En effet, leur capacité à intégrer une nouvelle langue est bien supérieure à celle d’un adulte.
Plutôt que d’associer la capacité à parler couramment une langue rare à de la honte, des camps d’été ou des foyers linguistiques proposent d’enseigner à des enfants les langues que parlaient leurs ancêtres, leur langue maternelle originelle, et ce de manière ludique.
Il a été démontré que beaucoup de ces enfants réussissent mieux leur scolarité que leurs camarades monolingues. Cette dynamique de préservation des langues existe surtout en Occident.
Attention
Bien que tous moyens mis en place soient positifs, la prudence est de rigueur. Par exemple, selon un article du New Yorker, la Chine et la Russie en particulier, considèrent qu’aujourd’hui, les langues minoritaires représentent une menace à leur hégémonie. Ils reproduisent peut-être les erreurs faites en Occident, surtout dans le Nouveau Monde.
Trouver un moyen de permettre aux langues majoritaires et minoritaires de coexister au sein d’une culture moderne mondiale est la dernière solution pour éviter que d’autres langues disparaissent…et que le savoir, l’héritage culturel et le lien émotionnel entre une langue et son Histoire ne soient définitivement perdus.