Comment le télétravail favorise le développement durable
- La flexibilité au travail
Le télétravail est considéré comme une des principales sources de satisfaction des employés, et profite aussi aux entreprises. Mais le télétravail favorise également le développement durable : il permet de soutenir la croissance économique, améliore l’égalité des sexes et réduit le déséquilibre de répartition des richesses entre les populations urbaines et rurales.
Au niveau mondial, les Nations Unies ont défini 17 objectifs principaux – appelés Objectifs de développement durable(ODD) ou Objectifs mondiaux, au sein de leur programme de développement durable pour 2030. Il s’agit d’un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité. Nous avons sélectionné 6 objectifs dans cette liste, directement liés au travail à distance ou susceptibles d’être renforcés grâce à la croissance de ce mode de travail.
Garantir une vie saine et promouvoir le bien-être
Aucun aspect de notre vie professionnelle ne semble plus important que le télétravail pour assurer un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Si le manque d’interaction sociale et la solitude sont parfois cités comme des effets secondaires du travail à distance, les employés continuent de le solliciter. L’étude Randstad Awards 2016 révèle que deux Français sur trois sont favorables au télétravail. Ce mode de travail est perçu par les sondés comme favorable à l’adoption d’une vie saine grâce à une meilleure concentration, un gain de temps, une diminution de la fatigue liée aux transports. Il agit également sur le bien-être, en permettant au salarié d’améliorer son temps de sommeil (+45 minutes) et son temps accordé à la vie familiale (+37 minutes).
Le télétravail allège les contraintes liées au transport : selon le U.S. Census Bureau, les Américains passent en moyenne 26,1 minutes par jour à se déplacer pour aller travailler, tandis que les salariés français passent près d’1h15 en moyenne chaque jour dans les transports d’après une enquête BVA, Salesforce et Presse régionale, 2018). Pour 40% des répondants, le travail à distance est la solution la plus efficace aux problématiques de mobilité, derrière l’aménagement du temps de travail. Le gain de temps passé dans les transports donne ainsi plus de latitude pour des activités hors travail – qu’il s’agisse de passer du temps de qualité en famille, de faire de l’exercice, de dormir davantage ou d’avoir des activités personnelles.
Égalité des sexes

Le lien entre travail à distance et égalité des sexes n’est pas évident à première vue. Pourtant, en optimisant la flexibilité au travail, l’augmentation du télétravail tant pour les hommes que les femmes facilite le partage des responsabilités au sein du ménage. En travaillant à la maison, les pères ont une chance égale de préparer le repas entre deux réunions ou d’aller chercher les enfants à l’école. Alors que les frontières entre travail et vie privée tendent à devenir plus floues, le combat des femmes pour mener de front l’éducation des enfants, la gestion du foyer et la poursuite d’une carrière devient aujourd’hui plus facile.
Le travail à domicile contribue en outre à renforcer l’autonomie des femmes dans l’IT (technologies de l’information). Toutefois, l’écart entre les sexes dans le domaine technologique reste encore important, et ce partout dans le monde. En France, l’édition 2019 de l’enquête Gender Scan révèle que le taux de féminisation a encore reculé dans le secteur des hautes technologies et du numérique, tant au niveau des diplômes obtenus que de leur accès à l’emploi. Même constat de l’autre côté de l’Atlantique, où la Silicon Valley porte le surnom de « Vallée des Hommes » du fait de son manque de mixité : seulement 6 % de femmes sont à la tête des 150 principales entreprises (par revenus) de la vallée. Et même si la proportion de femmes au sein des comités de direction de ces entreprises a augmenté de 4,1 % ces deux dernières années, elle peine à dépasser les 15 %.
Malgré ce constat, le télétravail peut inciter davantage de femmes à poursuivre une carrière, notamment dans le domaine technologique. En effet, les entreprises qui ont recours au travail à distance comptent un nombre plus important de femmes aux postes de direction. Alors que seulement 14,2 % des cinq premiers postes de direction dans les entreprises du S&P 500 sont occupés par des femmes (source : étude de Remote.co, 2016), le pourcentage est beaucoup plus élevé dans les entreprises qui travaillent à distance. Elles représentent ainsi 42% des entreprises interrogées, tandis que 28% des 53 entreprises sondées ont une fondatrice ou co-fondatrice. Dans le secteur des cosmétiques, on peut citer l’exemple en France de l’Oréal, arrivé premier du palmarès Equileap 2017 sur l’égalité des sexes. Parmi les 13% des salariés français du géant des cosmétiques en télétravail, 84% sont des femmes, tandis que l’écart de rémunération hommes-femmes chez les cadres « n’est plus que de » 3%, selon la direction des ressources humaines.
Further reading
[Fiche conseils] Comment gérer le changement en période d’incertitudes
[Fiche conseils] Comment préparer ses employés au travail à distance
Pourquoi les soft skills sont-elles encore peu reconnues en France ?
Pourquoi une nouvelle crise requiert un nouveau leadership
Énergie propre et plus grande responsabilité
Si le télétravail favorise le développement durable, il permet également de modifier notre usage des sources d’énergie, désormais sous la responsabilité directe de l’individu, et d’encourager la prise de conscience de la consommation. Travailler à domicile signifie qu’il faut d’abord payer pour l’énergie utilisée, indépendamment des accords de compensation que les salariés peuvent avoir avec leur employeur ou de l’assujettissement du bureau à domicile à l’impôt sur le revenu.
Les personnes qui travaillent dans leur espace de vie sont plus conscientes de leur consommation d’électricité, car elles constatent directement leurs comportements non éco-responsables : allumer les lumières dans une pièce inoccupée, laisser un ordinateur en marche, usage excessif de la climatisation… Dans un environnement de bureau, la consommation d’énergie n’est pas toujours prise en compte par chaque employé, et les réglages de l’éclairage et de la température sont souvent automatisés.

Il en va de même pour le matériel de bureau utilisé et la quantité de déchets produits. Les gobelets en papier dans les cafétérias appartiennent désormais au passé et, grâce aux technologies modernes de partage en ligne des documents, il est moins nécessaire d’imprimer et de photocopier le papier pour le distribuer lors des réunions. Les travailleurs à distance disposent en outre d’une plus grande liberté personnelle pour choisir des matériaux recyclés et respectueux de l’environnement pour réaliser leurs tâches quotidiennes.
Selon la Consumer Electronic Association (CEA), qui regroupe les principales entreprises de l’électronique américaines, le travail à distance assisté par les nouvelles technologies permettrait d’économiser de 9 à 14 milliards de kilowatts-heure (kWh) d’électricité par an, soit l’équivalent de la consommation d’un million de foyers américains. Les économies d’énergie dans les transports sont encore plus importantes. Les près de 4 millions de télétravailleurs américains interrogés économisent 3,2 milliards de litres d’essence par an, ce qui se traduit par près de 14 millions de tonnes de CO² de moins dans l’atmosphère, un impact correspondant à celui de 2 millions de voitures sur les routes.
Croissance économique et environnement de travail décent
Si le trafic lié au trajet domicile-travail coûte une énorme quantité d’énergie, les routes encombrées entraînent également des pertes d’activité, un impact bien plus important que ce que l’on pourrait penser. En Angleterre, une étude de 2016 signée Greener Journeys (organisme pour la promotion des modes de transports éco-responsables) a révélé qu’une simple augmentation annuelle de 1% de la durée des trajets en bus entraînerait la perte de l’accès à 5.000 emplois par an.
Un autre aspect de la contribution du télétravail à la croissance économique se trouve dans l’engagement professionnel. On parle de « culture de l’interruption » dans les espaces actuels de travail, propices à retirer du temps de concentration. On estime que les travailleurs désengagés coûtent aux entreprises plus de 450 milliards de dollars par an (417 millions d’euros) rien qu’aux États-Unis, tandis que le travail à domicile s’est avéré être l’une des stratégies les plus efficaces pour stimuler la motivation et l’engagement, avec une augmentation pouvant atteindre 25% avec une seule journée de travail à domicile. Un engagement accru permet aux entreprises des économies financières : elles peuvent s’attendre à moins d’erreurs, moins de congés maladie et d’incidents liés à la sécurité, ainsi qu’à une réduction du coût du chiffre d’affaires pouvant atteindre 25%.

Alors que la productivité augmente, le coût du travail diminue – le rapport sur l’état du télétravail de 2017 a constaté que tout employé qui télétravaille la moitié de son temps de travail fait économiser en moyenne 10 200 euros par an à l’entreprise, un montant qui double pour les salariés distants à temps plein. Étant donné qu’un employé sur trois préfère travailler à domicile plutôt que d’accepter une augmentation de salaire, les entreprises qui offrent davantage de possibilités de ce type peuvent s’attendre à réduire davantage leurs coûts salariaux.
Villes et communautés durables
L’augmentation du travail à distance s’accompagne également d’un meilleur accès à un logement abordable. Il est par exemple lié à l’expansion du phénomène actuel de « fuite rurale des cerveaux », un terme décrivant l’exode des jeunes salariés diplômés vers les zones rurales pour trouver de meilleures opportunités professionnelles. Avec la tension constante du marché immobilier dans les zones urbaines, le télétravail devient une réelle opportunité non seulement de trouver un logement approprié en dehors des villes, mais aussi de promouvoir le développement de la richesse dans les zones rurales. La présence de plus en plus importante dans les petites villes de jeunes professionnels qualifiés favorise l’apport de capitaux et le développement local de restaurants, écoles, gymnases et autres équipements de loisirs.
Action pour le climat
Le programme 2030 des Nations Unies pour le développement durable fixe comme objectif n° 13 de « prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses effets », auquel contribue l’augmentation du travail à distance. Outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre mentionnée plus haut, l’étude « State of the Global Workplace » de Gallup a fourni un constat stupéfiant de l’impact que les 3,9 millions de travailleurs à distance aux États-Unis ont à ce jour sur l’environnement. Cela représente chaque année :
- 530 millions de déplacements en voiture en moins, soit un total de 7,8 milliards de kilomètres parcourus en moins
- 3 millions de tonnes de gaz à effet de serre évitées
- 498 millions de dollars d’économies sur les accidents de la route
- Près d’un milliard de dollars d’économies de pétrole grâce à la réduction des besoins en essence
- Environ 95 millions d’euros d’économies sur la qualité de l’air
- Économies de carbone équivalant à 91,9 millions d’arbres plantés ou à près de 540 000 foyers alimentés en électricité pendant une année entière
Le travail à distance permet également de lutter contre le réchauffement climatique. Dans sa chronique « C’est notre planète » du 04 décembre 2019 sur RTL (voir vidéo ci-dessous), Virginie Garin revient sur la Loi sur la Transition Energétique, qui encourage entre autres le télétravail à domicile. L’article 51 de la loi oblige les entreprises de plus de 100 salariés sur un même site à mettre en place un plan de mobilité afin d’aider leur personnel à moins se déplacer en voiture – en ayant notamment recours au travail à distance. Par ailleurs, une étude de l’ADEME (l’agence de la transition écologique) menée auprès de 300.000 personnes qui travaillent déjà 3 jours par semaine à la maison, montre que le télétravail a permis de réduire leurs émissions de carbone de 30% sur le trajet domicile-travail.
Quel est l’impact négatif du travail à distance ?
On l’a vu plus haut, le télétravail favorise de manière certaine le développement durable. Compte tenu de tout cela, existe-t-il des inconvénients importants ou des risques plus grands auxquels il faut s’attendre lorsqu’on augmente les possibilités de télétravail et qu’on permet à un plus grand nombre de personnes de travailler à domicile ? Risques d’isolement social ou de perte de l’esprit d’équipe sont en effet quelques-uns des aspects à prendre en compte lors de la mise en place de structures de travail à distance.
Cependant, il existe de nombreuses stratégies qui peuvent être adoptées et de nombreux conseils pratiques pour mettre l’accent sur l’aspect humain du travail à distance. Ils permettent notamment de préserver la culture d’entreprise même à distance et d’assurer que le salarié en télétarvail reste connecté aux valeurs de son organisation. De quoi faire du travail à distance une situation gagnante pour tous.
Brochure Soft Skills Learnlight
Développer les compétences essentielles qui feront votre succès dans le monde du travail moderne